Saint-John Perse, pseudonyme de Alexis Léger, est un poète et diplomate français, né le 31 mai 1887 à la Guadeloupe, mort sur la presqu'île de Giens le 20 septembre 1975.
Il a également utilisé le nom de plume Alexis Saint-Léger Léger.
Le poète
Alexis Léger, après une enfance passée à la Guadeloupe jusqu'en 1899, s'installe à Pau avec sa famille, où il fréquente le lycée Louis-Barthou, fait ses études de Droit à Bordeaux dès 1904. Il fait son service militaire dans l'infanterie à Pau, puis fait la rencontre de Francis Jammes qui le présente notamment à Paul Claudel, avec qui il entretiendra des relations mouvementées. Il s'introduit peu à peu dans le milieu de la NRF, où il fait la connaissance de Jacques Rivière et André Gide qui l'encouragent dans la carrière littéraire. Il publie son premier recueil de poèmes Éloges en 1911 et rencontre un grand succès. Il se décide à s'engager dans la carrière diplomatique en 1914. Il est nommé diplomate à Pékin de 1916 à 1921, nommé en 1924 directeur du cabinet diplomatique d'Aristide Briand, année où il publie son recueil Anabase sous le pseudonyme de Saint-John Perse, jusqu'en 1932, puis nommé ambassadeur en 1933, et secrétaire général du ministère des affaires étrangères jusqu'en 1940, date à laquelle il s'exile aux États-Unis. Il publie Exil en 1942, Pluies et Poème à l'étrangère en 1943, Neiges en 1944. Il est réintégré dans la nationalité française en 1944, à la libération de la France, mais reste aux États-Unis. Il publie Amers en 1957, année où il revient faire de longs séjours en France, sur la presqu'île de Giens. Il publie de courts poèmes : Chronique en 1960, année où il obtient le Prix Nobel de littérature , son allocution au banquet Nobel du 10 décembre 1960 restant un modèle d'éloquence. Il publiera encore Oiseaux, inspirés par Georges Braque en 1963, et finalement Chant pour un équinoxe en 1971. Il mourut le 20 septembre 1975, à Giens (var), où il repose... où il écrira ses dernières œuvres, dont Nocturne et Sécheresse.
Le diplomate
Alexis Léger devient chef de cabinet d'Aristide Briand en 1925 et sera l'un des principaux auteurs des Accords de Locarno en octobre 1925; Aristide Briand restera le mentor d'Alexis Léger et prolongera, par son disciple, son influence au Quai d'Orsay de sa mort en 1932 jusqu'en 1940. Toute sa vie, Alexis Léger défendra sa mémoire, allant jusqu'à affirmer que jamais Briand n'aurait toléré les abandons de la France devant la montée du nazisme. Comme secrétaire général du ministère des affaires étrangères pendant 8 ans, il assure la continuité de la diplomatie française devant la valse des ministres (plus d'un par an en moyenne): en mai 1936, au moment de son arrivée au pouvoir, Léon Blum demande tout de suite :"Qu'en pense Léger ?" sur les deux principaux enjeux diplomatiques, la remilitarisation de la rive gauche du Rhin et la Guerre d'Espagne. À Munich, il semble moins complaisant que Daladier et, surtout, Georges Bonnet, son ministre, devant l'abandon de la Tchécoslovaquie : Hitler le qualifie à cette occasion de "petit martiniquais sautillant ! ". En juin 1940, Paul Reynaud le remplace par Charles-Roux pour marquer sa rupture avec la politique pratiquée vis-à-vis du Reich depuis 8 ans, ce qu'il prend pour un affront. En exil aux USA, il est alors déchu de la nationalité française par le régime de Vichy et se fait embaucher par la Bibliothèque du Congrès grâce à Archibald MacLeish, poète américain. Il devient avec Jean Monnet peut -être le seul français qu'accepte d'écouter le Président Roosevelt, très hostile au général de Gaulle. Le chef de la France Libre essaie de le rallier à sa cause en tant que plus important responsable du ministère de Affaires Etrangères après le ministre en titre au moment de la défaite. Il refuse sèchement en reprochant à de Gaulle sa "démarche politique ", ce que le Général ne lui pardonnera jamais : en 1960, à l'occasion de son Prix Nobel, Alexis Léger déclarera avoir reçu "les félicitations de 14 gouvernements étrangers mais pas de celui de sa patrie."
L'exilé
En 1899, Saint-John Perse quitte avec sa famille la Guadeloupe et les quatre éléments – la terre et l'eau, le ciel et la lumière – qui devaient singulièrement présider à son discours pindarique, majestueux et impeccable. Il s'installe en France, fait ses études, tout d'abord à Pau, puis à Bordeaux (licence en droit), publie, en 1911, un mince recueil, Eloges, sous la signature de Saint-Léger, que saluent Valery Larbaud et le groupe de la Nouvelle Revue Française; puis il entre aux Affaires étrangères en 1914.
Diplomate, il s'interdit de rien publier. Il est secrétaire d'ambassade à Pékin (1916), expert pour les questions politiques à la conférence de Washington (1921), chef du cabinet diplomatique de Briand (1925-1932), ambassadeur et secrétaire général du ministère des Affaires étrangères (1933-1940). En 1940, Saint-John Perse choisit l'exil, auquel il ne mettra fin qu'en 1958; il gagne les Etats-Unis, où il occupe les fonctions de conseiller littéraire de la bibliothèque du Congrès. La guerre brise sa carrière diplomatique, mais établit définitivement la gloire du poète: Exil, suivi de Poème à l'étrangère, Pluies, Neiges, paraissent de 1941 à 1944. Saint-John Perse publie par la suite Vents (1946), Amers (1957), Chronique (1960), Oiseaux (1962).il reçoit le prix Nobel de littérature en 1960.
Anabase( 1924 )
Poème en dix chants, encadré par deux "chansons", du poète français Saint-John
Perse (pseudonyme de Alexis Léger, 1887-1975, prix Nobel 1960), publié en
1924. Salué comme un chef-d'oeuvre par les plus grands esprits européens et
rapidement traduit en plusieurs langues, cet ouvrage compte parmi les plus
hautes références de la poésie française contemporaine. Unique par l'extrême
élaboration du langage, qui semble à la fois conçu pour fasciner l'esprit et
pour tenir à distance, il se présente d'abord comme un art du verbe basé sur
le dépaysement des mots, que la hauteur du ton et l'éloignement du vocabulaire
usuel chargent de sens nouveaux. Cette hauteur permanente du ton, parce
qu'elle est véritablement épique (on a souvent dit que Saint-John Perse était
le seul poète épique français), facilite en un sens la communication première
avec l'oeuvre: elle permet en effet d'y lire, comme en quelque récit tiré
d'époques légendaires, l'aventure militaire d'un conquérant, maître de vastes
terres et bâtisseur de villes. Ainsi nous sont montrés: la marche en avant,
l'arrivée sur un site propice, le choix des plans de la cité future, la
consultation des augures. Cette "création" terminée, le conquérant se tourne
vers d'autres songes et, inlassablement attiré par cette "éternité qui baîlle
sur les sables", il reprend sa quête à travers les déserts jusqu'au seuil
d'une grande et nouvelle contrée à faire sienne.
Au-delà de cette épopée de l' action, c'est le poème de toute entreprise
supposant conquête et création qui se découvre peu à peu: le chant de l'
effort de l'homme faisant oeuvre à la poursuite de l' absolu. Derrière
l'épopée guerrière, l'épopée métaphysique se dessine, reculant sans cesse les
frontières de la découverte et de la lecture, car une Idée, dès qu'elle est
conquise, impose la soif d'une autre Idée. Quant au style, haché de coupures
brusques, toute sa structure est organisée de façon à rendre sensibles
l'âpreté, la dureté, la hauteur d'un monde orienté tout entier vers la
purification et la maîtrise de soi. Il en est de même des images, placées
souvent sous l'invocation du sel ("mathématiques suspendues aux banquises du
sel", "l'idée pure comme un sel", etc.), et qui disent la sèche et vive et
pure région où l'élan crateur se minéralise dans la création.
Œuvres
• Éloges (1911)
• Anabase (1924)
• Exil (1942)
• Pluies et Poème à l'étrangère (1943)
• Neiges (1944)
• Vents (1946)
• Amers (1957)
• Chronique (1960)
• Poésie (1961)
• Oiseaux (1963)
• Chant pour un équinoxe (1971)
• Nocturne (1973)
• Sécheresse (1974)
• Œuvres complètes, Paris, Gallimard, "Bibliothèque de la Pléiade", 1972, édition augmentée en 1982
Chanson
Mon cheval arrêté sous l'arbre plein de tourterelles, je siffle un sifflement si pur, qu'il n'est promesses à leurs rives que tiennent tous ces fleuves. Feuilles vivantes au matin sont à l'image de la gloire)...
Et ce n'est point qu'un homme ne soit triste, mais se levant avant le jour et se tenant avec prudence dans le commerce d'un vieil arbre,
appuyé du menton à la dernière étoile,
il voit au fond du ciel de grandes choses pures qui tournent au plaisir.
Mon cheval arrêté sous l'arbre qui roucoule, je siffle un sifflement plus pur...
Et paix à ceux qui vont mourir, qui n'ont point vu ce jour.
Mais de mon frère le poète, on a eu des nouvelles. Il a écrit encore une chose très douce. Et quelques-uns en eurent connaissance.
Thursday, October 4, 2007
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